
Bux, eToro, Trade Republic, Vivid ou encore XTB, les nouveaux courtiers “Fintech” déferlent sur la France. Leur crédo ?
Vous faire investir en bourse dans des conditions tarifaires jamais vues auparavant, proches de zéro. Autant dire que les courtiers en ligne comme Boursorama ou Bourse Direct ont du souci à se faire.
Quant aux banques traditionnelles types Crédit Mutuel ou Société Générale, l’écart générationnel paraît insurmontable… A moins que ? Car la quasi-absence de frais amène son lot de questions :
- Comment ces courtiers gagnent-ils de l’argent ?
- Peut-on leur faire confiance ?
- La qualité d’exécution des ordres est-elle au rendez-vous ?
Autant de questions qu’aucun investisseur sérieux ne peut mettre de côté… Pour savoir ce que vous avez à gagner (et potentiellement à perdre) en rejoignant un courtier nouvelle génération, lisez ce qui suit !
Présentation des néocourtiers Fintech
Communiquant sur un ton décontracté, quitte à parfois employer le tutoiement, les néocourtiers s’adressent à un public jeune et technophile.

Avec un seul objectif en tête : démocratiser l’investissement. Pour cela, deux atouts de poids :
Un positionnement qui dans l’absolu est aussi capable de ravir les investisseurs expérimentés… En effet, optimiser ses frais de courtage est le moyen le plus simple pour améliorer ses performances.
Mais qui sont les principaux néocourtiers du marché ? Voici leurs fiches d’identité :
NEOCOURTIERS
BUX Zero

Nombre de clients : 350 000
Licence : néerlandaise
Produits : Actions, ETF
Présentation :
En cassant les codes, le courtier d'origine néerlandaise Bux joue à fond la carte de la proximité avec les jeunes. Ce qui peut surprendre !Au-delà de ce positionnement marketing, le néocourtier place le mobile au centre de sa stratégie et ambitionne d'accompagner les jeunes investisseurs sur le long terme.
En savoir plus sur Bux
Trade Republic

Nombre de clients : 1 000 000
Licence : allemande (BaFin)
Produits : Actions, ETF, turbos
Présentation :
Premier courtier en Allemagne, Trade Republic arrive en France avec de grandes ambitions, en se positionnant comme un néocourtier à la fois moderne et mature, comme le prouvent les plans d'investissement programmés ou la possibilité de transférer un compte-titres.En savoir plus sur Trade Republic
Trading212

Nombre de clients : 1 400 000
Licence : anglaise (FCA) et bulgare (ICF)
Produits : Actions, ETF, CFD
Présentation :
En étant un des premiers néocourtiers sans frais au Royaume-Uni, le courtier CFD d'origine bulgare Trading212 est devenu un phénomène de mode, à la manière de Robinhood aux Etats-Unis.Aujourd'hui, Trading212 cherche à se faire un nom en France.
En savoir plus sur Trading212
Revolut

Nombre de clients : 20 000 000
Licence : anglaise (FCA)
Produits : Actions, ETF, matières premières, cryptomonnaies
Présentation :
Néobanque au succès fulgurant, Revolut a rapidement capitalisé sur son énorme base d'utilisateurs pour se lancer dans le domaine du courtage, avec une offre très compétitive et facile d'accès.Malheureusement pour les clients français, le Brexit a mis un terme à cette offre. Aujourd'hui, la néobanque est donc à la recherche d'une nouvelle licence pour pouvoir reprendre ses activités.
Vivid

Nombre de clients : Info confidentielle
Licence : allemande (BaFin)
Produits : Actions, ETF, cryptomonnaies
Présentation :
Comme Revolut, Vivid est une néobanque très innovante qui souhaite démocratiser l'accès à la bourse. Fonctionnant sur un modèle différent où les investisseurs ne détiennent pas réellement les actions, il n'empêche que Vivid peut être considéré comme un néocourtier à part entière.En savoir plus sur Vivid
Bitpanda

Nombre de clients : Plus de 2 millions
Licence : autrichienne
Produits : Cryptomonnaies, actions, ETF, métaux précieux
Présentation :
Bitpanda est à l'origine un exchange de cryptomonnaies connaissant un franc succès en Europe. Depuis 2020, Bitpanda développe son offre de courtage en actions en privilégiant un modèle de produits dérivés, comme Vivid.Il en résulte notamment la possibilité d'investir dans des fractions d'actions, même quand les marchés sont fermés.
En savoir plus sur Bitpanda
Freetrade

Nombre de clients : 600 000
Licence : anglaise (FCA)
Produits : Actions, ETF
Présentation :
Freetrade est un néocourtier anglais affichant une très forte croissance dans son pays d'origine grâce à une application simple, une quasi-absence de frais et une grande transparence envers les investisseurs pour les accompagner à long terme.La société pourra proposer très prochainement ses services en France, dès l'acquisition d'une licence européenne.
eToro

Nombre de clients : 27 millions d’inscrits
Licence : chypriote
Produits : Actions, ETF, CFD (devises, matières premières, indice, etc…)
Présentation :
Connu en tant que courtier CFD, eToro a ajouté une corde à son arc avec le courtage d'actions sans frais, dans le but de séduire les investisseurs de long terme.La société permet également d'investir dans des portefeuilles clefs en main sur des thématiques variées.
En savoir plus sur eToro
XTB

Nombre de clients : 275 000
Licence : polonaise (PFSA)
Produits : Actions, ETF, CFD
Présentation :
Comme Trading212 et eToro, XTB est un courtier CFD dont l'investissement sans frais en actions est une porte d'entrée pour attirer une nouvelle clientèle.Toutefois, malgré l'absence de frais, considérer XTB comme un néocourtier peut faire débat, dans la mesure où la plateforme de trading n'est aussi simple qu'avec les autres néocourtiers présents sur cette page.
En savoir plus sur XTB
Verdict ?
Néobanque, courtier CFD ou encore start-up, les néocourtiers viennent d’horizons très divers, mais ils ont tous un point commun : chacun à leur échelle, ils connaissent un franc succès avec des centaines de milliers, sinon des millions de clients.
A titre de comparaison, un courtier en ligne Français comme Bourse Direct, très bien établi depuis plus de 20 ans, ne compte qu’environ 200 000 clients.
Ainsi, derrière leur image “jeune et cool”, les néocourtiers ne sont pas à prendre à la légère avec leurs structures comptant des centaines d’employés et des capitaux propres importants.
Ainsi, , les gages de confiance sont présents :
- Des licences réglementaires réputées, notamment allemandes, comme pour Trade Republic ou Vivid
- Des cotations en bourse, comme pour eToro ou XTB
- Des levées de fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros, comme pour Bux
Bref, ces acteurs arrivent en France avec de très grandes ambitions. La mayonnaise va-t-elle prendre ? Pour cela, il faut se pencher sur les avantages et les points faibles des néocourtiers.
Avantages des néocourtiers
Pour arriver à recruter autant de clients en aussi peu de temps, les néocourtiers ont nécessairement quelque chose de nouveau à apporter aux investisseurs.
Passage en revue de leurs avantages.
AVANTAGES
Absence de frais (ou presque)
C’est évidemment ce qui vient en premier à l’esprit.
A la manière des courtiers en ligne (Bourse Direct, Fortuneo Banque, Bforbank, etc…) qui avaient secoué en leur temps la fourmilière des banques traditionnelles, les néocourtiers mettent la barre encore un cran plus bas.
Ainsi, la plupart communiquent sur l’absence de commissions.

Toutefois, en creusant un peu, on trouve parfois quelques frais :
- Avec Bux, les ordres sur les actions américaines sont sans frais, mais il existe des frais de conversion de 0,35%
- Avec Trade Republic, les ordres sont sans commission à l’exception de “frais externes” de 1€ par transaction
- Avec eToro, il est nécessaire de payer des frais de conversion au moment des dépôts et des retraits
De quoi remettre en cause leurs belles promesses ?
Pas vraiment, car le trading 100% sans commission est tout à fait possible, par exemple dans le cadre des plans d’investissement programmés avec Trade Republic ou pour les actions européennes avec Trading212.
Conclusion ?
Même si certains frais peuvent faire leur apparition, ceux-ci ne remettent absolument pas en cause la compétitivité de ces plateformes.
D’autant plus que les “frais cachés” appartiennent définitivement au passé, comme les frais d’abonnement, les droits de garde ou encore les cotations en temps réel.
Autre avantage de taille, il n’y a pratiquement pas de discrimination entre les places boursières. Autrement dit, les conditions pour investir dans les actions étrangères, notamment américaines sont exceptionnelles !
En effet, sur les bourses étrangères, les frais additionnels des courtiers traditionnels sont souvent très importants, jusqu’à plusieurs dizaines d’euros pour un ordre de 1 000€.

Ainsi, pour un investisseur actif, notamment sur des valeurs étrangères, les frais des néocourtiers représentent certainement la meilleure option pour obtenir des performances positives. De quoi aider à se faire un nom dans le marché du courtage !
Ouverture de compte simple comme bonjour
Comme les néobanques, les néocourtiers mettent un point d’honneur à accélérer l’ouverture de compte.

Ainsi, à condition d’avoir un justificatif d’identité sous la main, quelques minutes suffisent pour ouvrir un compte-titres en se prenant en photo.
Finalement, l’étape la plus longue est le crédit du compte par virement bancaire, car dépendante des délais bancaires.
Pour démarrer immédiatement, il est parfois possible de déposer par carte bancaire, mais des frais peuvent être prélevés et il faut faire attention au plafond de paiement. Mais cela ne retire rien à la performance des néocourtiers.
A titre de comparaison, ces quelques minutes se transforment parfois en semaines avec les courtiers traditionnels !
Une expérience de trading mobile pour tous

Pour un débutant, investir en bourse peut faire peur.
Une réaction compréhensible, car depuis des décennies, le monde de la bourse est pensé par défaut pour des investisseurs confirmés.
Les petits nouveaux n’ont pas grand-chose à y faire !
Pour se lancer, une motivation sans faille était nécessaire afin de réaliser ses premiers ordres. Jusqu’à maintenant.
Car avec les néocourtiers, tout cet édifice s’écroule comme un château de cartes. En effet, à chaque étape, leurs plateformes sont développées en prenant en considération les besoins d’un néophyte. Résultat ?
Acheter et vendre des actions n’a jamais été aussi facile.

Autrement dit, il n’y pas plus difficile d’investir au capital d’une société que de jouer à Candy Crush… Bien entendu, le revers de la médaille est une simplification très poussée des plateformes.
Sur certaines d’entre elles, oubliez les graphiques en bougie, les ordres à plage de déclenchement ou encore les ratios financiers des entreprises.
Le parti pris est clair : pourquoi s’encombrer de fonctionnalités si elles découragent les nouveaux investisseurs ?
En se concentrant sur l’essentiel, les applications des néocourtiers prennent donc le contre-pied des plateformes traditionnelles.
Des fonctionnalités innovantes

Certes, les amateurs de trading algorithmique ne sont pas la cible des néocourtiers.
Mais simplification des plateformes ne signifie pas pour autant absence d’innovation !
En réalité, les néocourtiers arrivent en ordre dispersé dans ce domaine, mais deux innovations majeures peuvent être mises à leur crédit :
Trouver le meilleur point d'entrée pour entrer en position sur une valeur est presque mission impossible. Au contraire, tous les experts s'accordent à dire qu'il est préférable d'étaler son investissement pour avoir de meilleures performances à long terme. Par exemple, investir 100€ pendant 10 semaines plutôt que 1 000€ en une fois.
Les plans d'investissement des néocourtiers (Trade Republic et Trading212 en tête) répondent précisément à ce besoin tellement élémentaire qu'il est incroyable qu'aucun autre courtier n'y ait pensé avant.
Avec un petit capital, il n'est pas toujours évident de se positionner sur des valeurs "chères", comme Amazon dont une action vaut plusieurs milliers de dollars. Avec les fractions d'action, il est maintenant possible de n'investir que 1€ dans l'action Amazon si le coeur vous en dit !
Ainsi, petits et gros traders sont à égalité au moment de faire la répartition de leur portefeuille. De plus, concernant le versement des dividendes, celui-ci se fait simplement à hauteur du montant investi. Pour démocratiser l'investissement, il est donc difficile de faire mieux que les fractions d'actions.
Cela ne concerne pas tous les néocourtiers, mais certains comme Bitpanda le permette.
Dans ce cas, parce que l'achat d'actions se fait sous la forme de produits dérivés, il devient possible de suivre les variations d'une action 24h/24 et 7j/7, et donc de trader à n'importe quel moment dans les mêmes conditions que pendant les horaires d'ouverture traditionnels.
Et à n’en pas douter, d’autres fonctionnalités sont dans les tuyaux… Une bouffée d’air frais indéniable dans le monde du courtage.
Les inconvénients potentiels
Les néocourtiers ont adopté un positionnement très différent des courtiers traditionnels.
De quoi faire mouche auprès d’un nouveau public, mais qui n’est pas poser quelques questions. Voici les inconvénients potentiels.
INCONVENIENTS
Oubliez le PEA
Le PEA est une enveloppe fiscale française créée pour inciter l’investissement dans les valeurs européennes. Du point de vue d’un courtier, l’infrastructure technique doit permettre que seules les valeurs éligibles puissent être logées dans un PEA.
Autrement dit, pour un néocourtier avec une ambition européenne, le PEA du marché français est un défi technologique.
En effet, une plateforme unique pour tous, quel que soit le pays, est à la base du développement. L’exception française, en quelque sorte !
Bref, s’il est pas complètement exclu qu’un néocourtier propose un PEA dans un avenir proche (certains y songent sérieusement, comme Trade Republic), les courtiers traditionnels n’ont pas pour l’instant beaucoup de soucis à se faire sur ce point.
DEGIRO est un courtier en pleine croissance qui partage beaucoup de caractéristiques avec les néocourtiers, notamment des tarifs très bas et une plateforme de trading développée avec une ambition européenne.
Ceci étant dit, cela fait plusieurs années que le PEA est annoncé et sans cesse repoussé, si bien que pour les nombreux clients français du courtier, cela ressemble à une arlésienne...
Des courtiers étrangers et donc à déclarer
Tous les néocourtiers sont basés à l’étranger. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la déclaration annuelle d’imposition :
Tous les comptes détenus à l'étranger doivent faire l'objet d'une déclaration à l'administration fiscale.
Par conséquent, les néocourtiers ne font pas exception à cette règle et un formulaire doit être rempli à cet effet chaque année.
Les dividendes sont soumis à l'imposition. Or, avec les néocourtiers, ces taxes ne sont pas prélevées à la source comme c'est normalement le cas avec un courtier français.
Par conséquent, il est nécessaire de faire l'intégration manuelle des dividendes dans la déclaration d'impôts.
La plupart des néocourtiers fournissent un récapitulatif annuel des positions, avec les plus-values et les moins-values.
Toutefois, si ces documents apportent une aide, ceux-ci ne sont pas au format IFU pour un reporting facilité dans la déclaration d'impôts.
Conclusion ?
En optant pour un courtier d’origine étrangère, la déclaration d’impôts est un peu plus longue qu’avec un courtier français.
Des offres moins variées
Les néocourtiers s’adressent sans détour au grand public. Or, pour cette cible, il est plus facile d’investir dans des grandes marques du quotidien plutôt que dans des biotechs obscures valorisées quelques millions…
Traduction ? Un investisseur expert en “stock picking” risque de se sentir à l’étroit.
Généralement, les offres des néocourtiers sont donc construites autour de deux axes :
- Des milliers d’actions : notamment des grandes capitalisations américaines et européennes
- Des centaines d’ETF : pour diversifier facilement son placement
Soyons clairs. Pour le commun des mortels, ces offres sont amplement suffisantes.
Mais pour les experts, le manque de profondeur de certaines places de marché peut se faire ressentir, même si de nouvelles valeurs sont ajoutées à intervalles réguliers.
La plupart des néocourtiers ont pour point commun d'offrir de très nombreuses valeurs américaines. Or, les frais sont souvent beaucoup plus élevés avec les courtiers traditionnels sur ces marchés.
Par conséquent, avec leurs tarifs extrêmement compétitifs, les néocourtiers sont une excellente option pour investir aux Etats-Unis.
Des plateformes de trading trop simples ?

La simplicité des plateformes de certains néocourtiers risque de rebuter les investisseurs expérimentés.
Par exemple :
- Historique du cours des valeurs limité à quelques années
- Pas ou très peu d’informations financières sur les valeurs
- Fonctionnalités graphiques quasi inexistantes
- Etc…
Attention. A notre avis, la simplicité a beaucoup de vertus.
Toutefois, dans l’état actuel, les informations mises à disposition sont la plupart du temps trop pauvres pour permettre des choix d’investissement réfléchis.
Par conséquent, les néoinvestisseurs ont tout intérêt à sortir de ces applications pour se forger des avis complets sur les valeurs qui les intéressent, par exemple en parcourant des sites boursiers gratuits.
En trop simplifiant l’investissement, il ne faudrait pas tomber dans le piège du jeu de casino.
Transfert de compte-titres quasi impossible
C’est un sujet sur lequel les néocourtiers travaillent. A l’exception notable de Trade Republic, il est en effet encore impossible de transférer un compte-titres :
- Depuis son néocourtier vers un autre courtier
- Depuis un autre courtier vers son néocourtier
Pour un investisseur possédant un portefeuille avec beaucoup de lignes et investi sur le long terme, cette absence de transférabilité peut représenter un vrai souci...
Ce qui peut restreindre l’usage des néocourtiers à deux profils :
- Les nouveaux investisseurs
- Les investisseurs confirmés souhaitant un courtier secondaire pour une raison précise, par exemple pour le trading des actions américaines ou étrangères
Sachez-le !
Comment les néocourtiers gagnent de l’argent ?
Avec des frais de courtage aussi bas, il est légitime de douter des néocourtiers.
Car les investisseurs savent bien que quand une valeur paraît dévaluée, il y a souvent une bonne raison à cela ! Autrement dit, rien n’est jamais vraiment gratuit…
Les néocourtiers joueraient-ils donc à un double jeu sur le dos des investisseurs ?
Pour répondre à cette question, il est primordial de comprendre comment les néocourtiers gagnent de l’argent. L’heure est donc venue de se plonger dans leur modèle économique.
MODELE ECONOMIQUE
Il existe quelques frais
Tout d’abord, même s’il ne fait aucun doute que les néocourtiers sont imbattables sur les tarifs, les vraies offres 100% gratuites sont rares :
- Frais de conversion sur les valeurs étrangères, par exemple 0,25% sur les actions américaines avec Bux
- Frais externes, par exemple 1€ chaque transaction avec Trade Republic
- Frais de dépôt, par exemple 0,70% avec Trading212 au-delà de 2 000€

Les néocourtiers prélèvent donc pour la plupart quelques frais d’une manière plus ou moins détournée. De quoi couvrir leurs frais internes ?
Certainement pas, l’écart de tarification restant tellement grand avec les courtiers traditionnels. Par conséquent, dire que les néocourtiers sont sans frais est probablement un abus de langage. A la place, il est plus juste de les considérer comme quasi sans frais.
Or, le “quasi” n‘est probablement pas suffisant pour couvir leurs frais, et encore moins pour dégager des revenus…
N’oublions pas que l’activité de courtage n’est pas gratuite pour les courtiers.
En effet, pour par exemple acheter une action sur Euronext Paris, ceux-ci doivent payer une commission au teneur de marché.
Par conséquent, l'absence totale de frais implique un coût pour le courtier.
Une maîtrise des coûts incomparable
A la manière des néobanques qui révolutionnent le secteur bancaire, les néocourtiers surfent sur les nouvelles technologies afin de réduire leurs coûts.
De plus, grâce à des changements législatifs qui introduisent de la concurrence entre les teneurs de marchés, les néocourtiers sont aussi en mesure de choisir des intermédiaires à bas prix. Par exemple, il n’est plus obligatoire de passer par Euronext Paris pour acheter une action sur cette place.
Des plateformes alternatives, comme Turquoise, permettent d’assurer le même service pour une fraction du prix. La combinaison de ces deux facteurs a donc pour effet de réduire les barrières à l’entrée, ce qui explique l’arrivée de ces nouveaux acteurs.
Avec des coûts réduits et des frais imbattables pour attirer un maximum de clients, plusieurs méthodes moins connues existent pour gagner de l’argent.
Les voici !
Le placement de liquidités
A la manière des banques qui placent l’argent des comptes courants pour leur profit, les courtiers ont aussi la possibilité de placer les liquidités.
En réalité, du point de vue des courtiers, ces liquidités (c’est-à-dire les fonds non investis des clients) peuvent être conservées de deux manières :
- Soit sur un compte bancaire auprès d’une banque partenaire
- Soit dans des fonds de placement sécurisés, souvent monétaires
Les néocourtiers qui font le choix de la seconde option peuvent ainsi générer des revenus grâce aux liquidités de leurs clients.
Y a-t-il un risque avec cette pratique ? En théorie, oui, mais en réalité, il est très minime.
En effet, pour des raisons évidentes, les courtiers choisissent des fonds de placement très sécurisés, à un niveau tel que si ceux-ci venaient à faire faillite, les conséquences sur la finance mondiale seraient tout simplement dévastatrices, si bien que par le jeu des dominos, ce serait la fin du système…
Un scénario sur lequel nous ne parierions pas ! A notre avis, le placement des liquidités ne représente pas de risque pour les fonds des investisseurs.
Le courtier DEGIRO peut être considéré comnme le plus agressif des courtiers traditionnels, avec des tarifs qui ont sa réputation.
Ceux-ci ont notamment été rendus possible grâce au placement des liquidités dans des fonds monétaires.
Cependant, à cause du passage de ces fonds dans des taux négatifs, DEGIRO a changé sa structure interne afin de placer les liquidités des clients sur des comptes bancaires auprès d'une banque allemande, Flatex.
Le prêt de titres
Pratique moins connue que le placement de liquidités, le prêt de titres est pourtant de plus en plus répandu. Comment ça fonctionne ?
De nombreux acteurs de la finance (hedge funds, arbitragistes, institutions, etc…) peuvent avoir des besoins ponctuels de titres. Cela peut être pour couvrir un risque ou pour réaliser une vente à découvert.
A ces fins, ces acteurs contactent les courtiers jouant le jeu afin de mettre la main sur un large volume de titres souhaités.
Ceux-ci peuvent accepter en échange d’une rémunération, dont le montant varie en fonction de la rareté des titres au moment de la transaction et de la durée du prêt, souvent de l’ordre de quelques jours.
Quel impact pour l’investisseur que vous êtes ? Aucun n’est visible :
- Vous pouvez revendre les titres à n’importe quel moment
- Les dividendes sont versés naturellement
En fait, vous ne serez même pas mis au courant !
Pour savoir si votre courtier prête vos titres, il est donc important de faire preuve de curiosité et de se plonger dans les conditions générales. Ensuite, le prêt de titres varie en fonction de l’offre et la demande.
C’est-à-dire que selon la composition de votre portefeuille, il est par exemple possible :
- D’avoir tous ses titres prêtés à un moment donné
- De n’avoir aucun titre prêté
Que faut-il en conclure ?
Comme dans n’importe quel prêt, il y a toujours le risque que la contrepartie fasse défaut. C’est pourquoi les courtiers exigent toujours des garanties avant de prêter leurs titres.
Ainsi, en vue de se couvrir, ces garanties sont généralement supérieures à 100%. Donc du point de vue de l’investisseur, il faudrait un incroyable concours de circonstances pour que le prêt de titres se révèle dangereux :
- Faillite de l’établissement qui emprunte les titres et insolvabilité des garanties
- Faillite du courtier et insolvabilité de celui-ci, en gardant en tête qu’en dernier recours, il existe aussi des fonds de protection contre la faillite selon le pays d’origine de la licence du courtier
A titre d’exemple, pendant le krach de mars 2020 suite à la Covid-19 (avec des chutes des marchés supérieures à 50% en quelques semaines), le mécanisme de prêts de titres n’a pas été pris à défaut.
Bref, comme pour le placement des liquidités, il faudrait un évènement d’une ampleur encore jamais connue et mettant en péril toute la finance mondiale pour se retrouver en difficulté…
Par conséquent, même si pour un non-initié de la finance, prêter des titres peut interpeller, il s’agit au contraire d’une opération très commune dans la finance d’aujourd’hui.
Pour cette raison, cette source de revenus des néocourtiers ne nous paraît pas problématique. Au contraire, à l’image de quelques courtiers innovants, nous souhaiterions plutôt que les néocourtiers reversent à l’investisseur une partie des rémunérations perçues…
D'un point de vue juridique, le prêt d'un titre implique bien un transfert "officiel" de la propriété du titre.
Toutefois, le rôle du courtier prêteur est de s'assurer que cela n'ait aucune conséquence sur les positions de ses clients, que ce soit sur la valorisation ou le versement des dividendes.
La vente du carnet d’ordres (payment for order flow)
Aux Etats-Unis, la quasi-totalité des courtiers, dont le très connu Robinhood, vendent les données de trading de leurs clients. Depuis 2018, il s’agit même d’une source de revenus prépondérante, essentielle au fonctionnement des applications sans frais.
Même les courtiers traditionnels (comme Schwab) ont été obligés de se convertir au trading sans frais, et donc à l’introduction de la vente du carnet d’ordre (“payment for order flow”). Il s’agit donc d’une nouvelle norme outre-Atlantique !
Le carnet d’ordres est le flux électronique regroupant les ordres d’achats et de ventes.
A la manière d’un paiement par carte bancaire, acheter des actions peut faire intervenir dans l’ombre de nombreux intermédiaires, afin de “router” les ordres.
Pour les courtiers, une méthode pour router les ordres consiste à les envoyer les vers un “market maker” (teneur de marché) prêt à payer pour cette information. Avec ce flux de données, des algorithmes de trading à haute fréquence vont permettre de profiter de micro-oscillations sur le cours des valeurs cotées tout en exécutant les ordres reçus.
La mécanique est complexe, mais n’est pas nécessairement au désavantage du client. En fait, cela dépend surtout de la politique d’exécution du market maker.
Car la vente du carnet d’ordres peut avoir un double effet :
- Faire bénéficier les investisseurs d’une meilleure qualité d’exécution, c’est-à-dire obtenir un meilleur prix et plus rapidement)
- Faire naître des conflits d’intérêts entre le courtier et ses clients, car il pourrait privilégier un intermédiaire offrant plus d’argent, mais avec une qualité d’exécution moindre
Bien que légale, la vente du carnet d’ordres fait donc (à juste titre) couler beaucoup d’encre.
Que peut-on en conclure ? Pour un investisseur “grand public”, la vente du carnet d’ordres n’a pas vraiment d’incidence.
Au contraire, dans la mesure où elle fait baisser les frais de courtage, l’impact est objectivement positif.
Par contre, pour un investisseur professionnel maniant de larges quantités de titres et à un rythme soutenu, il est peut-être préférable d‘opter pour la prudence en évitant cette pratique. Toutefois, pour remettre les choses en perspective, la majorité des courtiers américains vendent leurs carnets d’ordres.
Par conséquent, s’il est sûr que nous regrettons un manque de transparence global, il est important de garder à l’esprit qu’en temps normal, cette source de revenus ne se fait pas au détriment des clients.
Par exemple, si vous souhaitez acheter 10 actions Société Générale à 20€ l’unité, vous ne paierez pas un prix plus élevé pour cette position.
Porte d’entrée vers les CFD

La dernière source de revenus est aussi potentiellement la plus importante.
Mais elle ne concerne pas tous les courtiers, puisqu’elle nécessite une offre de CFD au catalogue. Mais que sont les CFD ?
Ce sont des instruments qui permettent de trader facilement sur la hausse ou la baisse de n’importe quel actif, comme l’or, les cryptomonnaies, les actions, les obligations, les indices ou encore les devises, etc…
De plus, les CFD permettent l’effet de levier, pour augmenter rapidement les gains, mais aussi les pertes.
Bref, si les actions sont un support d’investissement, notamment à long terme, les CFD sont un instrument de trading à court terme. Or, il se trouve que le trading est une discipline difficile et qu’il y a beaucoup de parallèles à faire entre le maniement des CFD et les jeux d’argent.
Qu’est-ce que cela veut dire pour un courtier ? C’est très simple, il y a beaucoup plus d’argent à gagner avec les CFD.
Mais parce que faute de résultats, les apprentis traders ont tendance à arrêter rapidement, les courtiers CFD sont sous pression pour recruter un maximum de nouveaux clients. Or, quelle meilleure porte d’entrée que le trading des actions sans commission ?
Avec cet argument marketing très fort, l’objectif est donc d’attirer des investisseurs pour leur faire découvrir les charmes (et les risques) du trading.
Par conséquent, pour un courtier CFD, perdre de l’argent sur les actions pour en récupérer sur les CFD peut se révéler être un très bon calcul. Que faut-il en conclure ?
Parce que les courtiers CFD sont à l’origine pensés pour les traders, leurs plateformes de trading sont aussi beaucoup plus complètes que celles des “purs ”néocourtiers. Un argument de poids en leur faveur…
Mais le critère le plus important est évidemment la maturité de l’investisseur. C’est-à-dire sa capacité à s’en tenir à ses objectifs de départ, basés sur l’investissement en actions.
Voici les néocourtiers disposant d’une offre de CFD :
Offre de CFD | |
---|---|
Bux | Oui, dans une application séparée Bux X |
Trade Republic | Non |
Trading212 | Oui, intégrée à la plateforme |
eToro | Oui, intégrée à la plateforme |
XTB | Oui, intégrée à la plateforme |
Vivid | Non |
Revolut | Non |
Pour les investisseurs, l’enjeu est donc de savoir résister au trading des CFD afin de tirer le meilleur profit de ces plateformes.
Conclusion : le paradoxe des néocourtiers
L’arrivée des néocourtiers est une excellente nouvelle pour les investisseurs. En effet, plus il y a d’options et plus il est facile de trouver un courtier adapté à son profil.
Voici un tableau qui récapitule les forces en présence :
Néocourtiers (Bux, Trade Republic, etc…) | Néocourtiers CFD (eToro, XTB, etc…) | Courtiers en ligne (Bourse Direct, Fortuneo, etc…) | Courtiers traditionnels (BNP, CIC, etc…) | |
---|---|---|---|---|
Tarifs | Extrêmement compétitifs | Extrêmement compétitifs | Compétitifs | Elevés |
Variété de l’offre d’actions et ETF | Parfois un peu faible sur les actions européennes | Parfois un peu faible sur les actions européennes | Excellente | Excellente |
Qualité d’exécution des ordres | Très bonne | Très bonne | Excellente | Excellente |
Plateforme de trading | Très simplifiée | Simple et complète | Parfois assez compliquée | Parfois très compliquée |
Sécurité des fonds | Excellente, mais avec une licence étrangère | Excellente, mais avec une licence étrangère | Excellente, avec une licence française | Excellente, avec une licence française |
PEA | Non | Non | Oui | Oui |
Transfert de compte-titres | Rare | Rare | Oui | Oui |
Ouverture de compte | Très rapide et facile | Rapide et facile | Moyenne | Lente |
Idéal pour… | - Découvrir la bourse - Pour un compte-titres secondaire, notamment pour les marchés américains | - Investisseurs débutants ou expérimentés, mais sachant faire la distinction avec le trading - Investir sur les marchés étrangers | - Les investisseurs actifs | - Les investisseurs peu actifs |
Plus qu’une concurrence frontale, les néocourtiers paraissent plutôt servir la cause des courtiers plus traditionnels.
En effet, en mettant le pied à l’étrier à une nouvelle génération d’investisseurs, le challenge des néocourtiers consistera à garder cette clientèle sur le long terme, sachant qu‘elle sera de plus en plus exigeante à mesure qu’elle se forgera son expérience.
Les néocourtiers arriveront-ils à garder la simplicité qui fait leur force tout en offrant plus de fonctionnalités ? A défaut, les jeunes investisseurs seront peut-être prêts à passer à un modèle payant, par exemple pour bénéficier d’un PEA… Car il ne fait pas de doute que les néocourtiers doivent faire face à un paradoxe.
Les tarifs, ou leur quasi-absence, profitent essentiellement aux investisseurs très actifs. En effet, sur un portefeuille de long terme avec seulement quelques lignes, l’impact des frais de courtage est finalement très minime.
Par conséquent, pour faire le meilleur usage des tarifs, un degré d’activité élevé est nécessaire. Mais par définition, un investisseur actif n’est-il pas expérimenté ?
Or, cette clientèle est normalement friande de fonctionnalités graphiques assez avancées, souvent absentes des néocourtiers… Quoi qu’il en soit, les néocourtiers apportent un vent de fraîcheur indéniable sur l’investissement boursier.
Facile à prendre en main, sûrs et très compétitifs - notamment sur les marchés américains - la recette a certainement de beaux jours devant elle. A titre personnel, nous sommes notamment très friands des plans d’investissement programmés.
Une belle innovation pour investir à long terme simplement et efficacement. Votre profil est-il compatible avec un néocourtier ?
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Article écrit par Emilien FRANCOISE
Emilien FRANCOISE est le fondateur de Nextbanq, site de référence dans l'univers des finances personnelles.
Titulaire d'un diplôme de grande école de commerce, il écrit des contenus indépendants à temps plein depuis 2007 avec l'ambition d'aider tous les lecteurs à améliorer leur pouvoir d'achat.
