
Propriété de LVMH, le journal Les Echos est le quotidien économique le plus vendu de France, devant La Tribune.
Toutefois, depuis l’avènement d’Internet et du tout gratuit, payer pour consommer des contenus n’a plus vraiment la cote…
Or, s’il existe un domaine où l’information est encore reine, c’est l’économie !
D’ailleurs, la concurrence dans ce domaine est très vive, avec de nombreux titres reconnus comme Le Revenu, Capital, Le Figaro Bourse, Agefi, Challenges, etc…
Dans ce contexte et à 18€ / mois, que peut-on donc attendre d’un abonnement aux Echos ?
L’heure est venue de mettre un peu d’ordre dans ses sources d’information et de juger de la place des Echos dans celles-ci.
Introduction au quotidien Les Echos
Fondé en 1908, le journal des Echos aura pratiquement attendu 70 ans avant de réellement percer auprès du grand public avec un tirage quotidien dépassant les 100 000 exemplaires à partir des années 1980 (source Wikipedia).

Cette période était en effet synonyme d’un engouement massif des Français pour la bourse, qui ne pouvait que profiter au journal.
C’est d’ailleurs ce succès populaire qui a contribué en 1985 à la naissance de son principal concurrent, à savoir La Tribune.
Pour plaire à ce nouveau public et augmenter ses parts de marché, le positionnement 100% économique a donc laissé un peu de place à des actualités plus générales.
Par la suite, le journal a été un des premiers à prendre le virage du numérique dans les années 1990, si bien qu’il est souvent cité en exemple pour sa capacité à recruter des nouveaux lecteurs en ligne.
Depuis 2007, le journal est la propriété de LVMH et donc de Bernard Arnault, souvent considéré comme la première fortune française.
Le pôle média de LVMH est dénommé Groupe Les Echos-Le Parisien, et en plus du journal éponyme et de ses nombreuses éditions spécialisées (Week-end, Start, Capital Finance, Marchés Publics, Légal, Entrepreneurs, etc…), la division économique comprend également la revue Investir.
Que va-t-on apprendre en lisant Les Echos tous les jours ?
Premier point positif, la version gratuite en ligne est particulièrement généreuse !
Bien entendu, le nombre d’articles mis à disposition gracieusement peut considérablement varier en fonction de l’actualité, mais force est de reconnaître qu’une lecture quotidienne même sans dépenser un centime n’a rien d’un sacerdoce.
Si ce positionnement se comprend aisément pour les parties actualités générales ou politique, compte tenu des nombreuses sources gratuites dans ce domaine, il est plus surprenant pour les sections Entreprise ou Bourse, qui constituent l’expertise de la rédaction.
Au doigt mouillé, la partie actualités générales comprend peut-être 80% d’actualités gratuites, tandis que ce taux descend à 20% pour les bruits de couloir et autres informations exclusives, liées de près ou de loin aux entreprises ou aux marchés.
Mais sans grande surprise, les articles les plus “croustillants” ou les plus documentés possèdent souvent le petit bouton “Sélection Abonnés”.

Toutefois, il ne faut pas se tromper de cibles.
Le site Les Echos est un journal quotidien d’informations économiques, mais comme à peu près toute nouvelle peut être traitée sous un angle économique, une grande variété de sujets est traitée.
Politique, points de vue, sport, monde, etc… L’objectif des Echos est sans surprise de présenter l’actualité sous son aspect économique. En ce sens, la valeur ajoutée vaut pour tous les investisseurs, petits et grands.
Mais ne comptez pas gérer vos investissements sur la seule base d’un abonnement aux Echos !
En effet, si de nombreuses thématiques liées aux finances personnelles sont également traitées (patrimoine, immobilier, crédits, fonds, etc…), l’ambition éditoriale du journal consiste plus à donner des clefs sur l’époque que nous vivons que de suivre les soubresauts des marchés.
Par exemple, si l’indice du CAC 40 est visible en haut de toutes les pages du site, son exposition reste limitée et sert surtout comme “produit d’appel” pour visiter le site Investir, véritablement spécialisé sur les marchés financiers.

Pour forcer le trait, lire Les Echos revient à prendre un moment de détente après une journée de travail bien remplie à suivre les marchés à la culotte sur des sites comme Investir, Boursorama ou Zone Bourse (voir Bloomberg pour les professionnels)…
Attention, une lecture qui reste tout de même placée sous l’angle de l’efficacité économique, car il ne faut pas perdre le nord !
Mais après une journée la tête dans le guidon, c’est justement l’occasion de prendre du recul en faisant le lien entre les grandes nouvelles et le monde économique.
D’ailleurs, à ce titre, quelle est la véritable indépendance du journal par rapport à son propriétaire emblématique ?
Pour mettre les pieds dans le plat, une frange de la population considère en effet que lire Les Echos revient d’une certaine manière à faire preuve d’allégeance au pouvoir capitaliste en place, dans un monde où les décideurs, les politiques et les industriels travaillent main dans la main…
Et si on s’arrête aux apparences, il est facile de comprendre ces critiques.
Dans les faits, quand LVMH s’est séparé en 2007 de La Tribune pour acheter Les Echos, l’indépendance de la rédaction vis-à-vis de l’actionnaire était un des points clefs des négociations, et qui a abouti à la publication d’une charte éthique facilement consultable sur le site.
Suffisant pour rassurer le lecteur ?
Peut-être, mais la règle de précaution consiste à garder son esprit critique pour les contenus se rapprochant de près ou de loin à LVMH (et donc de Bernard Arnault). En effet, aller à l’encontre de son employeur n’est jamais une décision facile, et ce dernier possède tout de même une position centrale dans le capitalisme français…
Mais la vocation des Echos est-elle de faire du Mediapart ou du Cash Investigation ?
Pas vraiment...
Certes, politiquement, la rédaction des Echos est à l’évidence d’inspiration libérale, ce qui n’est pas un positionnement très surprenant pour un titre de presse économique, si on excepte Alternatives Economiques et Le Nouvel Economiste.
De plus, il ne fait pas de doute que le patron du Medef trouvera toujours une tribune amie pour diffuser ses messages, quitte à tomber dans la caricature…

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, car même si le titre ouvre régulièrement ses colonnes à des personnalités politiques marquées à gauche, se forger une opinion politique n’est certainement la raison première pour lire Les Echos.
Au contraire, bien que les ressources du quotidien ne sont pas employées sur des enquêtes pour faire “sauter le système”, cela ne les empêche pas de générer des contenus de qualité pour ceux qui souhaitent mieux comprendre la planète économique et boursière. Et il y a beaucoup de choses à dire !
Pour cela, une large rédaction très expérimentée et une dynamique de croissance positive dans un secteur en plein marasme sont des arguments forts pour produire des contenus de qualité à la chaîne pendant encore longtemps.
A notre avis, il faut donc principalement considérer Les Echos pour sa plus-value économique, qui bien que “cadrée”, a beaucoup de choses à raconter. Ainsi, si on est un tant soit peu curieux du monde économique, il ne fait pas de doute selon nous que l’on peut prendre un véritable plaisir à lire ce journal.
A titre d’exemple, voici une sélection d’articles du 10 juin 2020 qui prouve que sans remettre en cause le système, on peut produire des contenus qui donnent envie d’être lus.

Les Echos VS la presse économique en ligne
Comme nous avons vu, la presse économique peut être divisée en deux grandes familles.
D’un côté, il existe une presse généraliste, dont l’objectif est de décrypter les grandes tendances et de donner du contexte via des articles de fonds, des interviews, des éditos, des indiscrets, des opinions, etc… Par beaucoup d’aspects, c’est aussi une presse qui s’adresse au grand public dans le sens où il n’est pas toujours nécessaire de connaître le vocabulaire financier pour l’apprécier.
Par opposition, la deuxième famille s’adresse aux acteurs des marchés financiers, à travers des comptes rendus de séance, des outils de gestion de portefeuille, des articles plus courts sous forme de brèves, etc…

L’objectif est ici de s’adresser aux gérants de fonds, aux traders, aux conseillers de gestion en patrimoine et d’une manière générale à tous ceux qui tirent des revenus des marchés financiers. On ne s’embêtera donc pas à expliquer ce qu’est un PER !
Voici un tableau récapitulatif des principaux titres :
Presse économique généraliste | Presse économique boursière |
---|---|
Les Echos, La Tribune, Le Nouvel Economiste, Challenges, L’Usine Nouvelle, Alternatives Economiques, L’expansion, Capital | Investir, L’Agefi, Option Finance, Zone Bourse, Le Figaro Bourse, BFM Bourse, Le Revenu, Boursier |
Les Echos évoluant dans l’univers de la presse économique généraliste, notre ressenti sur chaque titre ainsi que le prix (hors période promotionnelle) de l’abonnement mensuel digital.
Titres | Prix mensuel | Notre ressenti |
---|---|---|
La Tribune | 9€ | Autre grand quotidien économique, La Tribune impressionne par la fréquence de ses contenus, sur une grande variété de sujets. Très “touche à tout”, la contrepartie logique est que l’intérêt de ceux-ci peut parfois paraître inégal |
Challenges | 3€ | Très grand public, Challenges rebondit essentiellement sur l’actualité générale et constitue par bien des aspects une excellente “introduction” au monde économique |
Le Nouvel Economiste | 12€ | Fier de son indépendance, Le Nouvel Economiste essaie de jouer “au-dessus de la mêlée” en se concentrant sur les tendances mondiales de fonds plutôt que sur l’actualité des entreprises, notamment à travers de nombreux points de vue |
L’Usine Nouvelle | 30,75€ (formule annuelle à 369€ uniquement) | Peu d’actualités générales ou d’envie de décoder le monde, L’Usine Nouvelle est plutôt du genre à “mettre les mains dans le cambouis” avec beaucoup d’articles en lien avec “l’appareil productif” des entreprises, mais pas nécessairement que dans les industries lourdes. |
Alternatives Economiques | 6,90€ | Dans un style plus académique, l’indépendance de la rédaction d’Alternatives Economiques est mise en avant dans le choix des sujets, dont les inégalités sociales sont une source d’inspiration forte. |
Capital | Sans frais | 100% gratuite, la version en ligne du magazine Capital met l’accent sur des sujets de sociétés, avec un côté “proche des gens” assumé, quitte à moins proposer de contenus exclusifs |
L’Expansion (L’Express) | 9,90€ | Rubrique économie à part entière de L’Express depuis son rachat en 2017, la ligne éditoriale de L’Expansion traite principalement de l’économie sous son aspect “sociétal”, à travers des articles qui rebondissent fortement sur l’actualité et les préoccupations des Français |
L’abonnement Les Echos, 18€ mensuels bien dépensés ?
Finalement, se pose la question de l’intérêt d’un abonnement payant aux Echos.

Car à 18€ par mois pour la version en ligne illimitée, le positionnement des Echos est indéniablement haut de gamme.
Notez que dans cet article, notre avis ne concerne que les contenus en ligne des Echos, et que d’autres formules existent, comme Digital First à 26€ par mois (avec des accès privilégiés à la rédaction et à des évènements) ou encore Journal papier + Digital à 28€ par mois.
Tout d’abord, et c’est subjectif, la chartre graphique épurée du site retranscrit fidèlement le sentiment “haut de gamme” de la marque. A n’en pas douter, les traders habitués à digérer mille informations en même temps apprécieront le repos des yeux !
Et en ce qui concerne la qualité des contenus, la subjectivité est encore plus présente.
Toutefois, avec plus de 60 000 abonnés payants en avril 2020 (source JDN) et un rythme d’acquisition de nouveaux clients qui progresse, le message de Pierre Alouette, patron du groupe Les Echos - Le Parisien est que le journal numérique a trouvé son modèle économique, malgré l’absence d’offres à prix cassés. Encore un signe propre aux marques haut de gamme !
Et qui montre au passage que le lectorat des Echos est certainement très CSP+.
De notre point de vue, le plus important quand on s’abonne à une source d’informations, qui plus est payante, est la proportion de contenus exclusifs. Payer n’a en effet de sens que si obtient une contrepartie introuvable ailleurs.
A ce titre, la notoriété et la position dominante du journal dans la presse papier sont d’une grande aide pour obtenir de multiples sources d’informations.
Pour faire une analogie avec le football, il ne fait aucun doute que L’Equipe profite de sa position dominante pour établir des liens privilégiés avec les clubs à différents échelons (dirigeants, sportifs, entraîneurs, staff, etc…) dans le but d’obtenir le plus d’informations exclusives.
Lire Les Echos, c’est donc une manière de profiter de ce “reach” important, appliqué au monde économique.
Pour toutes ces raisons, le tarif élevé de l’abonnement mensuel par rapport à la concurrence n’est pas sans fondement.
Au point de valoir 18€ ?
Compte tenu de la part de subjectivité inhérente à cet exercice, chacun aura une opinion différente sur le sujet.
Mais si vous nous forcez à répondre, sachez que de notre côté, nous sommes à ce jour toujours abonnés au service, mais que contrairement à d’autres abonnements mensuels, celui-ci n’a aucune chance de “passer sous le radar”.
C’est-à-dire que oui, nous estimons que ces 18€ sont un bon investissement, à la nuance près qu’ils “sortent” de notre budget “plaisir” et que par conséquent, ce sera un poste de dépense facile à couper si le besoin s’en fait sentir.
Visiter Les Echos
Article écrit par Emilien FRANCOISE
Emilien FRANCOISE est le fondateur de Nextbanq, site de référence dans l'univers des finances personnelles.
Titulaire d'un diplôme de grande école de commerce, il écrit des contenus indépendants à temps plein depuis 2007 avec l'ambition d'aider tous les lecteurs à améliorer leur pouvoir d'achat.

Abonnement Les Echos
Date de publication : 24/07/2020
Nextbanq
Le guide des finances gagnantes
Ecrit par : Emilien FRANCOISE
Grand nom de la presse économique, Les Echos offrent une expérience de lecture inconstestablement qualitative pour décrypter les enjeux économiques de notre société, même si prendre un peu de recul sur les positions "probusiness" du quotidien n'est pas toujours superflu. Cependant, à 18€ / mois, le prix de l'abonnement reflète aussi que la cible visée est CSP+. Par conséquent, l'abonnement Les Echos peut s'apparenter à un achat plaisir !