
Peur de perdre votre épargne sur les marchés financiers ? De nombreux contrats d’assurance vie permettent de limiter ce risque en souscrivant une garantie plancher.
Mais attention ! Il s'agit d'une option de prévoyance qui a un coût et dont le dénouement est le plus souvent lié au décès de l'épargnant.
C'est-à-dire qu'en cas de vie au dénouement du contrat, vous risquez de voir vos pertes creusées par le coût d'une option qui n'aura finalement servi à rien. Dans ce sens, la garantie plancher est un outil à ranger dans la même catégorie que l'assurance décès.
Avez-vous intérêt à la souscrire ? Et si oui, sous quelle forme ? C'est ce que nous allons voir maintenant !
Exemple de fonctionnement d'une garantie plancher
Pour saisir l'intérêt d'une garantie plancher, prenons un exemple.
Caroline, 45 ans, souhaite investir 100 000€ dans une assurance vie. Sur ces 100 000€, Caroline décide de placer 60 000€ dans des unités de compte afin d'obtenir le meilleur rendement possible.

Toutefois, en procédant de la sorte, si les unités de compte peuvent rapporter plus que les fonds en euros, le risque est que leur valeur diminue si les marchés baissent.
Malheureusement, c'est ce qu'il se produit et à la fin de du contrat, les 60 000€ investis ne valent plus que 40 000€. Caroline perd donc 20 000€. Le déclenchement de la garantie plancher souscrite par Caroline étant lié à son propre décès, deux cas de figure peuvent se présenter à la fin du contrat :
- Caroline est en vie : la garantie plancher ne couvre pas les pertes de 20 000€. Le coût de l'option a même eu un impact négatif sur la valeur finale.
- Caroline est décédée : la garantie plancher est activée. C'est-à-dire que les bénéficiaires du contrat (en l'occurrence ses enfants) toucheront la somme initialement investie par Caroline, soit 60 000€, plutôt que l'épargne obtenue en fin de contrat, soit 40 000€.
La garantie plancher est donc une option servant principalement dans une optique de transmission de patrimoine, dont la fiscalité avantageuse est par ailleurs un des points forts de l'assurance vie.
Mais d'autres utilisations sont possibles, comme pour se protéger de l'invalidité ou du chômage, même si les contrats proposant ces variantes se font plus rares.
En fait, si la majorité des assurances vie proposent une garantie plancher simple (comme celle que nous venons de voir), tous les contrats ne se valent pas sur ce point. Par exemple, Boursorama Vie propose de nombreuses variantes de garantie plancher tandis que Fortuneo Vie fait tout simplement l'impasse sur ce point.
Peut-on pour autant affirmer qu'un contrat est supérieur à un autre grâce à ses options de prévoyance ? Probablement pas dans la mesure où les options de prévoyance ne sont qu'un des paramètres à étudier lors de la souscription d'une assurance vie, et que tout va dépendre de la valeur que vous attribuez à celui-ci.
Combien coûte une garantie plancher ?
Le coût d'une garantie plancher peut varier d'un contrat à l'autre même si son calcul s'effectue toujours à partir de la notion de capital sous risque.
Le capital sous risque représente la différence entre le montant assuré et la valeur de l'épargne à un moment donné.
Par exemple, si un investissement de 100 000€ gagne en moyenne 5% tous les ans, le capital sous risque sera toujours nul, car le contrat s'apprécie. Par conséquent, il n'y a pas besoin de payer pour la garantie plancher. En effet, en cas de décès de l'assuré, les bénéficiaires toucheront une somme supérieure au total des versements réalisés par l'assuré.
Le calcul des frais de la garantie plancher s'effectue à intervalles réguliers, par exemple toutes les semaines ou toutes les deux semaines.
Si au jour du calcul, la valeur de l'épargne est inférieure à la somme de tous les versements, par exemple d'un montant de 95 000€ alors que 100 000€ ont été investis, le capital sous risque est alors de 5 000€.
Cela veut dire qu'en cas de décès de l'assuré à cette date, l'assureur doit verser 5 000€ aux bénéficiaires de l'assurance vie au titre de la garantie plancher. Mais quel est le coût de cette protection ? Le critère déterminant pour calculer les frais de la garantie plancher est bien entendu l'âge de l'assuré. Ainsi, plus un assuré est âgé et plus les frais sont élevés.
L'unité de mesure afin de comparer les frais de garantie est un capital sous risque moyen de 10 000€ sur une année complète. En 2017, voici les frais appliqués par Boursorama Vie pour une garantie plancher simple :

Par exemple, un assuré de 35 ans paiera 15€ de prime annuelle pour protéger 10 000€ de capital sous risque tandis que pour exactement le même service, un assuré de 65 ans paiera 172€.
Au final, l'évolution de votre contrat étant impossible à anticiper, les frais de garantie de plancher sont à ranger dans la même catégorie. Dans le meilleur des cas, vous n'aurez peut-être jamais rien à payer, car l' épargne sera toujours supérieure à la somme des versements.
Dans un cas normal, c'est-à-dire avec une épargne qui fluctue au-dessus et en dessous du total de vos versements, des frais ne seront dus qu'en cas de capital sous risque supérieur à zéro (sous réserve que ce soit le cas aux dates de calcul des frais de garantie plancher).
Et dans le pire des cas… c'est le sujet de la section ci-dessous !
Une garantie plancher gratuite ?
Toutefois, rien n'étant jamais réellement gratuit, regardez avec attention le niveau des frais de gestion, car les frais de la garantie plancher sont normalement répercutés à ce niveau.
Les frais de gestion sont-ils dans la moyenne du marché ou vous paraissent-ils plus élevés ?
Enfin, même en cas de garantie plancher incluse par défaut, consultez avec attention les caractéristiques de celle-ci dans la notice d'utilisation de votre assurance vie (clauses d’exclusion, âge de prise de fin du contrat, montant couvert, etc…).
Le scénario catastrophe
Loin de vouloir vous effrayer quant à la souscription d'une garantie plancher, anticiper le pire des scénarios est toujours une bonne idée pour une gestion responsable de ses finances personnelles.

Ainsi, pour peu qu'un assuré relativement âgé investisse juste avant un krach boursier et pour une longue période, les frais de garantie plancher peuvent avoir un lourd effet.
En prenant les hypothèses suivantes :
Age de l'assuré | 65 ans |
---|---|
Montant du contrat | 100 000€ |
Durée du contrat | 8 ans |
Performance la première année (krach) | Perte de 40% |
Performance moyenne des années suivantes | 5% |
Frais de garantie plancher | Tarifs de Boursorama Vie |
Nous obtenons les valeurs suivantes :
Année | Valeur du capital | Capital sous risque | Age de l'assuré | Frais de garantie annuels pour 10 000€ | Total des frais de garantie |
---|---|---|---|---|---|
1 | 60 000,00 | 40 000,00 | 65 | 172 | 688,00€ |
2 | 62 277,60 | 37 722,40 | 66 | 188 | 709,18€ |
3 | 64 646,84 | 35 353,16 | 67 | 205 | 724,74€ |
4 | 67 118,21 | 32 881,79 | 68 | 223 | 733,26€ |
5 | 69 704,19 | 30 295,81 | 69 | 243 | 736,19€ |
6 | 72 416,40 | 27 583,60 | 70 | 266 | 733,72€ |
7 | 75 266,81 | 24 733,19 | 71 | 290 | 717,26€ |
8 | 78 277,02 | 21 722,98 | 72 | 317 | 688,62€ |
Total | 5 730,98€ |
Au final, la somme des frais de garantie plancher s'élève dans notre exemple à 5 731€, ce qui est très conséquent. Certes, il est à noter qu'en cas de décès, les frais de garantie plancher ne sont pas dépensés en vain.
Mais il est surtout intéressant de souligner qu'en cas de vie, une ligne trop souvent survolée à la souscription du contrat peut se transformer en coup de marteau financier, la faute à un manque de culture financière ou à un défaut de conseil.
Quels sont les types de garanties plancher ?
D'une assurance vie à une autre, les types de garanties plancher suivants existent :
Garantie plancher simple
C'est celle que nous avons vu jusqu'à et c'est de loin la plus fréquente. Le plancher (c'est-à-dire le montant assuré) représente la somme des versements.
En cas de retrait ou d'avance, le plancher est bien entendu diminué desdits montants. Par exemple, pour un contrat avec 50 000€ versés et 20 000€ retirés, la garantie plancher porte sur la différence, soit 30 000€.
La garantie plancher simple ne peut être souscrite que lors de l'adhésion au contrat.
Garantie indexée
Le fonctionnement est équivalent à celui d'une garantie plancher simple, à l'exception des versements indexés à un taux prévu dans le contrat.
L'idée sous-jacente est de suivre l'évolution du coût de la vie. Par exemple, Boursorama Vie propose une garantie plancher indexée à 3,50% l'année. Parce qu'indexer les versements a pour effet d'augmenter le capital plancher, le capital sous risque augmente mécaniquement aussi le cas échéant.
C'est pour cette raison que la garantie simple et la simple indexée sont proposées au même tarif. La garantie plancher indexée ne peut être souscrite que lors de l'adhésion au contrat.
Garantie plancher cliquet
Assez rare, la garantie cliquet permet de bénéficier d'un capital plancher égal à la valeur maximum atteinte pendant la durée de vie du contrat.
Par exemple, si 100 000€ ont été versés et que pendant sa troisième année, le contrat a atteint sa valeur maximale de 145 000€, le calcul du capital sous risque se fera à partir de ce montant pour les années suivantes.
Garantie vie majorée ou vie universelle
Dans ce cas de figure, c'est l'assuré qui choisit le montant du capital plancher, dans la limite proposée par l'assureur. Toujours avec notre exemple de Boursorama Vie, l'assuré peut ainsi opter pour un capital plancher jusqu'à 500 000€, pour un coût équivalent aux deux garanties présentées précédemment.
La principale différence est que la souscription peut se faire à tout moment en cas d'acceptation par l'assureur, après l'étude d'un questionnaire médical et le cas échéant d'examens complémentaires.
Garantie vie entière
La souscription de la garantie vie entière s'effectue comme pour la garantie vie universelle, c'est-à-dire à tout moment et sous réserve d'acceptation par le service médical de l'assureur, après questionnaire médical et examens complémentaires le cas échéant.
Comme son nom l'indique, la particularité de la garantie vie entière est que ses effets ne prennent pas fin automatiquement à un âge connu à l'avance, mais à la date du décès de l'assuré. Concrètement, alors que les effets des garanties vues précédemment avec Boursorama Vie prennent fin quand l'assuré atteint l'âge de 75 ans, la garantie entière permet de continuer de bénéficier d'une garantie sur le capital plancher (fixé par l'assuré et dans la limite de 500 000€) jusqu'à son décès.
Sur le papier, cette solution peut paraître idéale, mais comme on peut s'y attendre, passé la 75ème année, le coût de la garantie augmente en flèche… Par exemple, passé l'âge de 100 ans, 10 000€ de capital sous risque représentent des frais annuels dans la région de 5 000€ !
Les points clefs qui demandent votre attention
Tous les contrats d'assurance vie disposent d'un document regroupant leurs conditions générales.
En plus d'obtenir une multitude d'informations sur la vie de votre contrat, n'hésitez pas à vous y référer pour avoir le détail du fonctionnement des garanties planchers.

Car d'un contrat à l'autre, le fonctionnement des garanties planchers n'est pas identique (coût, montant couvert, etc…).
Voici les points qui demandent votre attention :
Les conditions de souscription
En dehors des garanties vie entière et vie universelle, les garanties planchers ne peuvent généralement être souscrites qu'au moment de l'ouverture du contrat.
Par conséquent, cette décision demandant un temps de réflexion, il est impératif de ne pas être pris au dépourvu et d'avoir une idée précise de votre stratégie concernant la succession. De plus, même s'il s'agit en théorie d'une option, la garantie plancher peut parfois être incluse par défaut à l'ouverture d'un contrat. Si vous n'êtes pas intéressé, il convient de vérifier les conditions de résiliation dans les conditions générales.
Par exemple, c'est le cas du contrat Placement-direct Vie de SwissLife qui nécessite l'envoi d'un courrier avec accusé de réception pour que cessent les effets de la garantie plancher.
Les clauses d’exclusion
Hormis le cas particulier de la garantie vie entière, les assureurs imposent toujours un âge où les effets de la garantie prennent fin. Le plus souvent, l'âge limite est de 70 ou 75 ans, mais il peut aussi être de 80 ans dans certains cas.
Cette donnée est très importante dans le sens où si elle augmente les probabilités d'activation de la garantie plancher, les coûts potentiels sont aussi très sensibles à la hausse... Posez-vous les bonnes questions : votre état de santé actuel vous permet-il d'envisager d'atteindre cet âge avec sérénité ?
A partir de votre réponse, vous pourrez envisager plusieurs scénarios et avancer dans votre prise de décision. De plus, n'oubliez pas que toutes les causes de décès ne sont pas systématiquement prises en compte, notamment les suivantes :
- En cas de suicide
- En cas de guerre
- En cas de pratique de sports dangereux (sports aériens, sports nautiques, saut à l'élastique, sports de combat, alpinisme, etc…)
- La conséquence des accidents et maladie du fait intentionnel de l'assuré
- Du meurtre de l'assuré par les bénéficiaires du contrat
Pratiquer un sport extrême dans un pays en guerre risque donc d'être mal vu par l'assureur...
Dernier point important, il faut savoir qu'un retrait total des fonds (même si le contrat d'assurance vie continue d'exister) ou un montant insuffisant pour payer les cotisations dues met automatiquement fin aux effets de la garantie plancher.
Le montant couvert
Les garanties planchers ne couvrent les pertes de l'épargnant que jusqu'à un certain point, ce point étant différent d'un contrat à un autre. Ainsi, le montant maximum couvert par Placement-direct Vie est de 75 000€ tandis que Boursorama Vie permet d'aller jusqu'à 500 000€.
Encore une fois, n'oubliez pas qu'un montant couvert plus important signifie aussi potentiellement des frais plus élevés, et donc plus de réflexion de votre part.
Les conditions de résiliation
Vous changez d'idée concernant l'utilité d'une garantie plancher ?
Sachez qu'à tout moment vous gardez la possibilité de mettre fin à celle-ci en envoyant un courrier avec accusé de réception à l'assureur, dont vous trouverez l'adresse dans les conditions générales du contrat.
De plus, vérifiez si l'assureur n'a pas mis des clauses spécifiques. Par exemple, dans le cadre des garanties vie universelle et vie entière de Boursorama Vie, le montant investi doit impérativement rester supérieur à 1 500€, sous peine de recevoir une lettre recommandée informant d'une résiliation à venir sans action de la part de l'assuré dans un délai de 40 jours.
Conclusion : faut-il souscrire une garantie plancher ?
La mission première d'une assurance vie est de valoriser un capital sur le long terme.
Par conséquent, entre deux assurances vie, l'épargnant a tout intérêt à privilégier une belle gamme de fonds et des frais compétitifs plutôt que l'éventuelle présence d'une garantie plancher !
Car l'absence de garantie plancher ne vous empêchera pas de protéger financièrement vos proches en cas de décès. Au contraire, la garantie plancher de l'assurance vie n'étant rien d'autre au final qu'une assurance décès greffée à votre investissement, pourquoi ne pas souscrire directement une assurance décès complète ?
L'avantage de cette solution est que l'assurance décès garantit le versement d'une somme importante en cas de décès (hors cas d'exclusion à la manière d'une garantie plancher), et cela complètement indépendamment de l'évolution des marchés financiers.
Bref, une manière de dormir plus sereinement…
Bien entendu, ce n'est pas pour autant que la garantie plancher de l'assurance vie est à jeter aux orties. En fait, avant toute chose, nous vous conseillons de faire la distinction entre l'assurance vie pour développer votre capital et l'assurance décès pour protéger financièrement vos proches.
Ces deux thématiques étant très différentes, il convient de les traiter d'abord individuellement. Ce ne sera qu'après avoir couché sur papier vos besoins que la souscription d'une garantie plancher pourra éventuellement s'intégrer dans la mise en place d'un plan de succession.
Article écrit par Emilien FRANCOISE
Emilien FRANCOISE est le fondateur de Nextbanq, site de référence dans l'univers des finances personnelles.
Titulaire d'un diplôme de grande école de commerce, il écrit des contenus indépendants à temps plein depuis 2007 avec l'ambition d'aider tous les lecteurs à améliorer leur pouvoir d'achat.
